4e édition de la C.O.W
MACADAM-COW-BOYAprès avoir galopé durant trois semaines dans le cadre enchanteur de Font-Romeu, me voilà de retour au bercail. Dimanche matin, j'ai cavalé en compagnie de 1 000 têtes de bétails. Dans la chaleur de l'été indien, il fallait prendre le taureau par les cornes pour parvenir à dompter un circuit comptant pas moins de dix bornes. « Macadam-Cow-boy », toujours un peu à l'ouest mais jamais dans la mauvaise direction. Pour voir si l'entrainement est efficace, rien de tel que la compétition.

Une victoire est toujours un moment fort dans la vie d'un coureur à pied. Elle offre un instant de lumière à celui qui s'entraîne dans l'ombre des heures durant.
(Crédit photo: La COW)
Dans le jargon des coureurs à pied alsaciens, « C.O.W » rime avec « Course d'Oberschaeffolsheim-Wolfisheim » et en anglais le même mot en trois lettres veut dire « vache ». Les organisateurs de cette épreuve populaire n'ont pas eu à chercher loin pour trouver à la fois une appellation, une mascotte et même un cri de guerre. Chez eux, le fameux « Meuh !!! » sert de cri de ralliement.
Dimanche 11 septembre. C'matin, alors que je mate la téloche en déjeunant, j'entends un politique dire que « la vie n'est pas une page blanche ». J'sais pas pourquoi mais ces paroles m'inspirent. En écoutant ça, j'me dis qu'il me reste encore plein de belles phrases à écrire, ou plutôt... plein de belles pages à courir. Comme des coups de stylo sur une feuille, les coups d'gambettes laissent des traces. C'est peut-être pour ça qu'on trace nous autres les coureurs à pied, pour laisser une trace de notre passage, pour laisser une empreinte quelque part dans le Kansas ou dans le fin fond de l'Alsace. Après tout, nous ne sommes que des passants de passage, des passants filant tous sur une même autoroute de la vie limitée à 90 (ans). Une autoroute sur laquelle Jeanne Calment ne s'est pas gênée pour commettre un grand excès de vitesse d'endurance. Vivre c'est comme courir, plus ça dure et plus y'a de chances qu'on prenne du plaisir.
Mais pas le temps de cogiter, ni de philosopher longtemps, ce matin Carole et moi devons prendre la route, dans quelques heures nous allons participer à la COW (course d'Oberschaeffolsheim-Wolfisheim). Depuis 2013, le COW, le nouveau contournement d'Oberschaeffolsheim et Wolfisheim, sert de cadre à une épreuve de course à pied. Après avoir passé trois semaines dans les Pyrénées orientales, la course de 10km tombe à pic, elle va nous servir de point de repère, nous permettre de voir si le travail effectué jusque là porte ses fruits. Nous pourrons ensuite ajuster les séances suivantes en fonction des sensations ressenties durant l'épreuve et continuer à préparer le marathon de Lausanne en toute sérénité. Allez, il n'y a plus qu'à chausser les baskets et à sauter dans l'auto. Le village de Wolfisheim est juste là, c'est la porte à côté, 10mn de route et nous arrivons illico presto.
Une fois sur place, nous partons à la chasse aux dossards et sommes repéré par un membre de l'organisation qui se charge lui-même de récupérer nos sésames pour l'effort. Sympa l'accueil ! Aux abords du Fort Kléber, nous rencontrons du monde et discutons un bon quart d'heure avec Patrick Filippi et Florian son fiston qui s'apprête à partir sur le 5km (un 5,65km pour être précis) avec de bonnes chances de gagner (il finira bon 2e derrière un solide Arnaud Bucher).


Dans les starting-blocks avec l'incontournable Christophe Ott. La prépa marathon a bien débuté sous le regard de notre chère mascotte.
Après les courses pour enfants, le 5km et la marche populaire/nordique de 8km, c'est au tour des coureurs de l'épreuve la plus longue du jour (le 10km) de s'élancer.
Avant de donner le départ, les organisateurs ont sagement attendus que les marcheurs prennent leur envol, ceci afin d'éviter les bouchons dans la zone de départ/arrivée - il faut dire que l'engouement a été fort cette année puisque 1187 sportifs ont participé aux différentes courses figurant au menu de la 4e édition de la C.O.W.
Le quotidien local paru la veille de l'épreuve me donne favori mais Alexis Gathy et Jonathan Mehl sont de solides outsiders. La partie s'annonce serrée, à moi de me montrer à la hauteur des attentes. Une heure avant le départ, la tension monte d'un cran, les derniers arrivés affluent en nombres vers la ribambelle de petits chalets en bois (ceux du marché de noël) disposés dans le parc pour récupérer leur dossard, d'autres terminent de s'échauffer ou sont déjà agglutinés dans le sas de départ. Dans quelques instants, la course de 5km va être lancée. Au moment où le coup de pétard est tiré, Carole et moi quittons le chahut du parc du Fort Kléber pour nous échauffer une vingtaine de minutes sur une partie bitumée du parcours située dans le village d'Oberschaeffolsheim. Ainsi, nous effectuons quelques foulées avec les participants de la course de 5Km. Sur le chemin, ça papote plus que ça court, la bonne humeur règne au milieu des concurrents déguisés en vache ou en cowboy.
C'est à 10h40 (avec 10mn de retard) que le coup de pistolet libère les coureurs du 10km. D'entrée de jeu, je me retrouve aux avant-postes avec Alexis Gathy et un jeune homme en Marcel blanc parti sur les chapeaux de roues. À ma grande surprise, Jonathan (Mehl) ne nous accompagne pas, il n'a pas suivi. Mais peut-être a t-il choisi de temporiser sur les premiers kilomètres ? Qui sait. En tout cas, si c'est le cas, il fait bien de jouer la prudence, car avec la chaleur ambiante une défaillance est vite arrivée. Tout en contrôlant Alexis, il va falloir que je me méfie d'un éventuel retour de l'arrière car dans un bon jour Jonathan est capable de me titiller.
Sans surprise, au bout de seulement 800m de course, l'inconnu au marcel blanc lâche prise, il lève le pied brusquement et se retrouve quasiment à l'arrêt. Nous ne sommes plus que deux en tête de course. Me voila lancé dans un duel sous le cagnard avec Alexis en guise de compagnon de galère. Jonathan traîne les savates une vingtaine de mètres derrière nous. À l'affût ou bien dans le dur ? Qui sait...
Assez vite, je m'aperçois que je suis dans un bon jour et que je peux courir sans regarder à la dépense, ce qui pour moi qui n'aime pas la chaleur est plutôt bon signe. Au départ, je me disais que partir sur un rythme de 3'10/km serait parfait mais au vu des conditions de course, j'ai changé de stratégie en cours de route et je me suis dit: « Écoutes mon vieux, gagne déjà cette course ! »
Le circuit comptant deux tours, nous entraine le long du canal de la Bruche, au vert, avant de nous faire traverser le centre d'Oberschaeffolsheim. C'est dans la deuxième boucle que je parviens, au train, à faire la différence. Mon camarade de course lâche dix mètres, puis vingt, puis d'avantage.
Après la mi-course, en jetant un œil dans le retro, je m'aperçois qu'Alexis continu de perdre du terrain et que Jonathan est trop loin pour espérer pouvoir revenir à ma hauteur. Et les kilomètres défilent... 6e, 7e, 8e, 9e... les panneaux avec une vache dessinée dessus se succèdent sans temps mort. La ligne d'arrivée n'est plus très loin. Après le stage à Font-Romeu, ça sent le retour gagnant. Ça sent aussi l'écurie... Et pour cause... je galope dans les allées du Poney-Club.
Allez plus que 500m à tenir... C'est tout bon fiston ! Je commence à entendre le speaker qui braille son charabia dans le micro. J'arrive presque à hauteur du dernier virage. Ça y est j'y suis. Et, là surprise de taille: je vois Jean-Claude Vollmer sur le bas côté de la chaussée en train de m'encourager. Hein quoi... mais qu'est ce qu'il fabrique là ? C'est pas possible. Après l'avoir croisé, je suis si étonné que je me retourne pour voir si c'est bien lui et après l'avoir reconnu formellement, je lui lance un « Salut Jean-Claude ! » comme ça, en passant ( Jean-claude, qui est chef du département du sport de Haut-Niveau à l'Insep, est originaire du coin, il entraîne des champions comme Hassan Chahdi, champion de France de cross 2016).
Dans les tous derniers hectomètres, deux gamins s'amusent à me courser avec leurs trottinettes. La route étant pas mal abimée à cet endroit là, les roues de leurs engins frottent et ça fait un boucan d'enfer. Franck (Biteaud), qui m'ouvre la route en VTT depuis le début, demande aux gosses d'arrêter mais ils font la sourde oreille. Le tintamarre qu'ils font est un peu perturbant mais, ça va, je tiens le choc. N'être plus qu'à deux orteils de franchir la ligne d'arrivée en vainqueur... ça aide à passer outre.
À 200m de la banderole, une idée de génie me traverse l'esprit. « Et si je tentais de larguer les deux garnements qui me collent aux basques au sprint ? » Aussitôt pensé, aussitôt fait ! À peine ais-je enclenché le turbo qu'ils disparaissent dans mon dos et je gagne la partie « Human VS trottinettes » Merci aux morveux pour l'adversité ! Avec eux, j'ai trouvé à qui parler. Après 32 minutes et des brouettes, je suis le premier à franchir la ligne d'arrivée sous les cris de la foule massée derrière les barricades. Cette victoire fait plaisir mais ce n'est pas le plus important. L'essentiel est d'avoir eu de bonnes sensations sur ce parcours baigné de soleil. Le temps de se mettre à l'ombre pour répondre aux questions des journalistes et déjà je repars en footing à la recherche de ma bien-aimée. Le temps de partager quelques foulées ensemble et déjà elle en termine toute souriante. C'est pas gagné mais à l'avenir si elle descend sous la barre des 40´, elle aura droit à une Rolex Oyster Minnie Mouse (Disney spécial édition). La p'tite souris va venir la voir et lui laisser un p'tit souvenir. Quand j'étais gosse, moi, elle me laissait toujours une pièce sous l'oreiller. Mais chut, faut pas le dire, c'est une surprise !
Niveau chrono, tous les coureurs ont été largement pénalisés par la forte chaleur, le parcours n'étant quasiment jamais ombragé. C'est pas une excuse, juste un fait. Heureusement, ce fait de course a été largement compensé par l'ambiance géniale qui régnait, par la gentillesse de l'équipe dévouée à l'organisation et par l'aspect plutôt agréable d'un circuit nature ayant pour place forte le Fort Kléber (un lieu chargé d'histoire qui fut construit par les Prussiens autour de Strasbourg entre 1872 et 1882 afin de protéger la ville en cas de guerre). Le circuit traversait aussi le charmant Poney-Club de Wolfisheim. Un Poney-Club dans lequel ma championne a pu embrasser «Yvana», une magnifique jument qu'elle a élevé avec amour durant près de trois ans. Autant dire que les retrouvailles furent émouvantes. Quelques larmes ont coulées. Des larmes de joies. Et la matinée s'est achevée sur le podium avec les costauds du jour.
Pour clore ce récit, nous adressons nos remerciements à Tharcisse Marmillod et à toute son équipe. Merci aussi à Franck Biteaud qui nous a ouvert la route à vélo. Un cadre sympa, un circuit agréable, un ravitaillement bien garni à l'arrivée, des bénévoles souriants au service des sportifs et une ambiance au top. Que demander de plus ? La C.O.W : une course à faire et à refaire sans hésiter !

Sur le podium du 10km avec Alexis, Jonathan et Frédéric
11/09/16 - Résultats de la 4° COW - WOLFISHEIM - ALS - 067
10 KM | M | 10 KM | Chr : M | 10000 m
1 32:35 BAALA Samir Vendenheim Athle 2 33:01 GATHY Alexis Jog'r / Mizuno 3 33:15 MEHL Jonathan Jog'r Le Team
4 33:48 KOBEL Frederic S/l Fc Haguenau 5 34:01 WINKEL Laurent Casalrunning.com