JET D’EMOTIONS SUR LES RIVES DU LEMAN
La 18e édition du marathon de Genève avait lieu le dimanche 05 mai. Ce fût un énorme succès populaire avec un nouveau record de participation. Plus de 21 700 coureurs étaient présents sur les rives du lac Léman et parmi eux une poignée d’alsaciens venus s’attaquer aux 42, 195km de la distance mythique.
Graziella escortée par Carole et Marina tout près de la ligne d'arrivée
Ce marathon, le plus couru de suisse et l’un des plus beaux d’Europe, traverse dix communes du canton de Genève avant de revenir en ville pour franchir la ligne d’arrivée située sur le Pont du Mont-Blanc. Une belle balade entre campagne et ville qui promettait de nous ravir.
Lundi 12 février 2024, c’est la date à laquelle Graziella, Carole, et moi avons démarré notre plan d’entrainement de douze semaines en vue du marathon de Genève. Notre préparation n’a pas toujours été simple à gérer. En effet, il a fallu prendre en compte un voyage en Laponie effectué par Graziella et Carole durant la deuxième semaine du plan et aussi l’UrbanTrail de Luxembourg, une course de 34km que je me devais de disputer étant le tenant du titre. Impossible pour moi de louper ce bel événement qui tombait un peu mal à tout juste deux semaines du grand objectif genevois.
En 2015, Carole et moi étions déjà venus à Genève pour participer à la fameuse « Course de l’Escalade », épreuve la plus populaire de Suisse, qui se dispute chaque année en décembre et qui rassemble plusieurs dizaine de milliers de participants (en 2023 elle a établi un nouveau record avec 46 315 finishers). De cette course de très haut-niveau, disputée dans une ambiance incroyable, nous avions gardé d’excellents souvenirs.
De par sa position de ville internationale, Genève est souvent perçue comme étant la capitale de la Suisse mais il n’en est rien car contrairement à ce que beaucoup pensent ce rôle revient à Berne. Cela dit, la ville suisse la plus connue est devenue au fil des ans la capitale du monde globalisé et « pour le monde entier, la Suisse, c’est Genève ! »
Nous prenons
la route, l’avant-veille de la course, vendredi, en début d’après-midi et
arrivons à Genève dans la soirée. Le temps de prendre nos quartiers à l’hôtel
qui va nous nous accueillir jusque lundi et nous partons manger des pâtes dans
un bon restaurant italien, du quartier gare, situé à quelques centaines de
mètres de l’arrivée du marathon et de
notre logement.
Le
lendemain, samedi, c’est avec plaisir
que nous retrouvons Didier, Graziella et le reste de la troupe d’alsaciens qui
va participer à l’événement. Nous allons récupérer nos précieux sésames pour
l’effort au village marathon, dans le Jardin anglais (avec sa fameuse horloge
fleurie), et en profitons pour faire quelques emplettes de dernières minutes.
Suite à cela, nous déjeunons une fois de plus italien et partons faire une
belle promenade sur les rives du Léman. Sur place, nous pouvons admirer le Jet
d’eau, qui est l’un des principaux attraits de la ville de Genève, avec sa
demi-tonne d’eau projeté à 140 m de haut à une vitesse de 200 km/h. La météo
est un peu fraiche mais ensoleillé au point que je me prends à rêver du même temps
pour demain jour du marathon.
Hélas mon
rêve ne se réalisera pas puisque le lendemain au réveil, il pleut à grosses
gouttes. Et lorsque nous quittons notre hôtel pour nous rendre à pied à la gare
toute proche, c’est toujours la pluie qui nous accompagne. Cela dit, il fait
environ 15 degrés et la température ambiante est parfaite pour courir
longtemps. Le départ se situe à Cologny
en pleine campagne genevoise. Nous nous y rendons en empruntant le « Léman
express ». Les transports sont gratuits pour tous les participants. Il y a
foule sur le quai et, lorsque nous montons dans le train, les wagons sont
pleins à craquer.
Quand nous
sortons de la gare, quarante minutes avant le coup de pistolet, on se met directement
dans le bain. Sur la chaussée proche de l’arche de départ, les marathoniens
sont partout. Certains s’échauffent à petites foulées tandis que d’autres
restent à l’abri sous le porche des habitations. Le speaker, qui s’agite avec
son micro, est plein de bonne volonté. Il a une pêche incroyable, une bonne
énergie motivante, qu’il transmet à travers chaque phase qu’il prononce.
Absorbé par son optimisme, on ne pense déjà plus à l’ondée qui tombe d’un ciel
gris pâle. Après les dernières embrassades et après avoir prodigué les derniers
conseils à Graziella et Carole, je les abandonne à leur sort persuadé de leur réussite.
Eric, un ami de Graziella, va les accompagner dans l’aventure. Tous auront pour
objectif les 4h30mn ou un peu moins. Pour cela, un lièvre est mis à leur
disposition par l’organisation. Tous les coureurs du peloton peuvent profiter
des services d’un des meneurs d’allure qui sont reconnaissables grâce à la
plume qu’ils portent sur le dos. Plume sur laquelle un chrono est inscrit en
grand indiquant le rythme sur lequel ils vont calquer leurs foulées. Pour accrocher le chrono
désiré, celui de ses rêves, il n’y a qu’à se laisser porter.
A 9h00
tapantes, c’est le grand départ. Celui qu’on attendait depuis des mois. Après
avoir répété nos gammes, durant douze longues semaines, il est temps de jouer
nos partitions, temps de lutter avec nos armes, chacun à notre rythme, unis par
cette même envie qui nous anime, celle d’arriver au bout de ce long périple
qu’est le marathon. Dans les premiers kilomètres, nous devons souvent zigzaguer
entre les flaques d’eau.
Très vite,
je repère un petit groupe auquel m’accrocher et cale ma foulée sur celles des
hommes qui le mènent. Me voilà lancé sur
l’asphalte à près de 16km/h. C’est à celui tiendra le plus longtemps possible.
À ce petit jeu là, je ne serais pas le plus fort, loin de là, mais je
limiterais bien la casse après un passage à mi-parcours qui laissait présager
un chrono en moins de 2h40. La première partie du parcours, la plus ardue, permet d’admirer la beauté de la ruralité
genevoise. Nous traversons la ville Choulex avec ses vignes à perte de vue. La
commune de Presinge, ensuite, nous offre un point de vue splendide sur les
Alpes avec leurs sommets encore enneigés.
Après la
borne du 25e km, l’urban trail que j’ai disputé il y a deux semaines
au Luxembourg se rappelle à mon bon souvenir et mes cuisses se changent en bloc
de béton m’obligeant à lever le pied contre ma volonté. Le mental est bon mais
les jambes n’en font qu’à leur tête. Dommage car maintenant le parcours ne fait
que descendre offrant la possibilité de réaliser un « négative
split ». Cette expression bien connu des marathoniens qui signifie courir le
deuxième semi-marathon plus vite que le premier.
Autour du 30e
km, en entrant dans un tunnel, j’entends résonner « Eye of the
Tiger », la chanson de Rocky III. C’est vachement motivant mais je suis tout
de même contraint de m’arrêter une fois, puis deux, pour masser mes quadriceps.
Malgré une
seconde partie de course longue et pénible, j’arrive enfin à bon port au bout
de 2h46’ d’efforts. Je franchi la ligne d’arrivée avec la satisfaction du
devoir accompli, celle d’être venu à bout de mon 19e marathon. Et
même si la performance n’est celle que j’espérais, je me console avec la place
de premier de ma catégorie. Pour la
petite histoire, le vainqueur érythréen Gebrezgiabhier Weldemicael Kibrom a mis
2h09’57’’pour boucler l’épreuve.
En pensant
déjà au prochain défi, avec ma belle médaille dorée autour du cou, je file tout
droit à l’hôtel pour prendre une douche et me changer avant d’aller assister à
l’arrivée de Graziella et Carole. Très vite, je repère une place où me poster à
environ trois kilomètres de l’arrivée. Un emplacement depuis lequel je pourrais
ensuite rejoindre facilement l’arrivée afin d’être aux premières loges pour
féliciter ces dames. Depuis mon coin, je vois défiler un cortège de coureurs.
Très proche du point de dénouement, les uns sourient tandis que les autres
grimacent. Le point commun de tous ces gens étant la détermination qui se lit
sur leur visage buriné par un effort acharné. Un effort plus très loin
d’arriver à son terme. L’œil fixé vers l’horizon, je vois des participants qui
se mettent à marcher pris par des crampes terribles alors que d’autres, juste à
côté d’eux, semblent flotter sur un nuage.
La pluie a
maintenant cessé de tomber et au beau milieu de gros nuages blancs un beau
rayon de soleil se pointe presque en même temps que Graziella et Carole.
Lorsqu’elles arrivent à ma hauteur, je les encourage tout en prenant quelques
photos avant d’emprunter un raccourci pour me rendre dans la zone d’arrivée où
elles ne vont plus tarder à pointer le bout de leurs baskets.
Après quelques minutes à patienter, je les
vois arriver, au loin, au milieu d’autres participants. Carole se tient sur le
flanc gauche de Graziella et l'encourage à plein poumon tandis que de l'autre
coté, Marina, qui a participé à l'Ekiden, tient de le même rôle de supportrice.
Portées une foule très nombreuse dans les derniers mètres, les dames de cœur
achèvent leur effort, sur le Pont du Mont-Blanc, à deux pas du Jet d'eau qui
jaillit du lac Léman, laissant éclater leur joie d'en avoir terminé. Ce
marathon, elles en sont venues à bout en 4h25mn grâce à la belle régularité
dont elles ont su faire preuve aussi bien à l'entrainement qu'en course. Vu que
nous avions tablé sur 4h30, le résultat est meilleur que prévu et, comble du
bonheur, Graziella termine à la première place, de sa catégorie, ce qui lui
vaut de gouter aux joies du podium dressé dans le Jardin anglais.
Je suis très fier d'avoir <un peu> contribué à la réussite de ces dames. Et pour parfaire le tableau, le soleil s'est invité à la remise des médailles et le champagne a coulé à flot. Nous garderons longtemps en mémoire le souvenir de cette belle journée sportive à Genève.
J’adresse tous mes remerciements aux membres de l’association Genève Marathon, à Damien Dallier et à OC Sport, et aux merveilleux bénévoles.
BRAVISSIMO à Graziella qui remporte le marathon dans sa catégorie en plus d’avoir fini l’épreuve en moins de 4h30 (en 4h25mn58 pour être exact). L’objectif est atteint et même dépassé !
Un énorme BRAVO à ma moitié, Carole, qui l’a formidablement escortée du départ à l’arrivée. Elles ont toutes les deux formé une belle équipe ! Comme quoi, la course à pied n’est pas toujours un sport individuel même si la solitude du coureur de fond existe belle et bien.
BRAVO à Eric (un entrepreneur bas-rhinois) et Jean-Philippe (psychiatre de profession), qui ont souvent partagé les séances d’entrainement de Graziella et Carole, et qui étaient eux aussi de la partie. Le premier disputait son vingtième marathon, à Genève, alors que pour le second c’était le tout premier (et sans doute pas le dernier !). A l’arrivée, ils font parti des finishers, des winners, des gagnants, des vainqueurs !
Je n’oublie pas de féliciter les « Didi’s Girls », le team monté par Didier, le mari de Graziella, qui a brillé lors de l’Ekiden, avec dans ses rangs : Maud, Véronique, la deuxième Carole, Marina et bien-sûr Didier pour coacher toutes ces dames. Chacune et chacun a joué son rôle à la perfection grâce à une bonne cohésion et un bel esprit d’équipe ! BRAVISSIMO !